Une situation politique inédite
La trêve olympique qui s’inaugure cette semaine laisse une large place aux questionnements sur la gouvernabilité du pays. Plus de quinze jours après le second tour des élections législatives, la France se retrouve dans une situation politique inédite. Le délai accordé par Emmanuel Macron pour nommer le successeur de Gabriel Attal, qui gère actuellement les affaires courantes, est une première sous la Ve République.
Les conséquences de ce retard sont multiples et lourdes. Elles révèlent la complexité de la situation actuelle et l’incertitude qui règne dans le pays. La rentrée budgétaire s’annonce particulièrement tendue, augmentant la pression sur le gouvernement et les parlementaires.
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Le pouvoir, partagé et dilué
Depuis sept ans, le pouvoir en France n’a jamais semblé aussi partagé, aussi dilué. Le chef de l’Etat, affaibli, a tenté de clarifier le paysage politique en dissolvant le 9 juin. Loin de simplifier la situation, cette décision a au contraire complexifié le tableau politique. Les parlementaires peinent à s’approprier l’exercice des responsabilités.
Trois jours durant lesquels l’Assemblée nationale, nouvellement élue, a tenté de mettre en place sa gouvernance. Ces journées ont été marquées par de fortes tensions entre les groupes, une situation proche de la cohabitation tant aucun parti ne dispose d’une majorité suffisante pour gouverner.
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Le retour à un parlementarisme rationalisé
Pour ceux qui critiquent depuis des années l’hyperprésidentialisation du régime, l’occasion est inespérée de revenir à l’esprit des institutions. Un parlementarisme rationalisé dans lequel le premier ministre, responsable devant le Parlement, dispose de réelles capacités d’action. Le président de la République se retrouve cantonné à un rôle d’arbitre. Pourtant, un consensus doit être trouvé sur les règles du jeu. Dans une Assemblée nationale où ne coexistent que des minorités, seule la création de coalitions peut assurer ce résultat.
Pourtant, la gauche peine à se mettre d’accord sur le nom d’un prétendant à Matignon. Le Nouveau Front populaire, arrivé en tête du second tour des législatives, pourrait prétendre à gouverner s’il acceptait de s’ouvrir. Mais dominé par sa frange la plus radicale, incarnée par Jean-Luc Mélenchon, le bloc reste focalisé sur la contestation.
Les facteurs de trouble
La présence du Rassemblement national, qui a plus que doublé le nombre de ses députés, est un troisième facteur de trouble. En qualifiant de « zone de non-droit » le Palais-Bourbon, Marine Le Pen a signifié qu’elle allait se présenter comme la victime « du système » et tout faire pour le discréditer.
Si le Parlement ne parvient pas à se réhabiliter, il risque de s’abîmer dans le régime des partis. Un système que le fondateur de la Ve République fustigeait lorsqu’il évoquait « une scène de contradictions sur un théâtre d’impuissance ».
Les défis à surmonter
Face à ces défis, la politique française se retrouve à un carrefour. Le pari de la réinvention du parlementarisme est audacieux mais nécessaire. Le risque d’un glissement vers un régime des partis, inefficace et désavoué par le peuple, est réel et dangereux.
Les enjeux du changement
- Une meilleure représentativité des partis politiques
- La mise en place d’une gouvernance plus stable et plus efficace
- La fin de l’hyperprésidentialisation du régime
- Une gestion plus démocratique des affaires courantes
- La nécessité de coalitions pour assurer la gouvernabilité du pays